Vous l’avez peut-être remarqué, quand on cherche à dire des choses plus clairement, on fait souvent de petits gestes, et quand vous n’arrivez pas à vous exprimer comme vous le voulez, votre corps se crispe.
Ce n’est donc pas étonnant qu’il y ait des études qui ont montré que, quand on empêche les mains de bouger, la personne a du mal à s’exprimer et à apprendre. Ce n’est donc pas étonnant non plus que, comme un nombre grandissant d’autres thérapeutes, j’ai découvert que, quand quelqu’un est aidé à sentir les gestes qui « veulent venir » et à les élaborer, non seulement son corps s’anime mais aussi il arrive à s’exprimer avec plus de justesse et d’élégance. Et même à donner forme à ce qui lui semble (encore) indicible.
Parfois, ce travail avec des gestes ressentis est un exemple de ce que la grande danseuse Isadora Duncan a dit: «si je pouvais le dire en mots, je n ‘aurais pas eu besoin de le danser ».
A ceci nous pouvons ajouter: « Si je peux le danser (ou, plus prosaïquement: si je peux trouver le geste qui correspond le mieux à mes émotions et impulsions) je ne vais pas seulement trouver un nouveau sens, mais aussi une nouvelle façon de faire la paix avec mon corps et d’être plus présent aux autres » .
On peut découvrir, par exemple, que cette approche apaise la peur de « péter les plombs » et/ou de devenir violent ou intrusif quand on « se laisse aller ».
Un exemple assez commun pourrait illustrer cela : une impulsion de frapper quelqu’un exprime, certes, une grande colère, mais occulte aussi une blessure sous-jacente. Si l’on ralentit les mouvements qui correspondent à cette colère et que l’on prend le temps d’observer plus en détails les sensations qui accompagnent ces gestes plus lents, on découvre quelque chose plutôt rassurant : une expression pleinement conscientisée, toujours spontanée mais plus riche, non seulement de notre désaccord mais aussi de notre douleur, ainsi que de notre désir d’un changement. Ce qui permet de trouver des solutions plus satisfaisantes et justes et évoque des réponses de notre entourage plus bienfaisantes.
Cela peut aider à faire plus explicitement le lien avec le Focusing, décrit auparavant. Dans ce travail gestuel, la « réponse ressentie dans le corps », découverte grâce au Focusing, peut se concrétiser dans un « geste ressenti ». Et quand nous sentons la résonance de ce geste dans tout notre corps, nous pourrons découvrir comment tout notre corps peut nous soutenir, ce qui nous permet de mieux faire face aux situations qui nous demandent une réponse plus adéquate.