La honte, qui parmi nous ne l’éprouve pas, au moins parfois ?
Et qui parmi nous n’a pas eu le réflexe de vouloir lui échapper, de lutter contre ce sentiment si douloureux ? Mais cela a un prix: les recherches dans le domaine de l’ACT ont montré que, en luttant contre nos pensées et sentiments douloureux nous risquons de nous enfermer dans une problématique de plus en plus lourde.
Pour illustrer ce principe, regardons quelques façons d’éviter la honte :
– Qui parmi nous n’essaye pas, parfois, de neutraliser ce sentiment en se disant: « Mais non, je suis quelqu’un de bien ! » ? Tout comme nous avons le réflexe de dire de tels mots d’encouragement à un ami qui se sent honteux… Le risque est, alors, que notre ami sente que sa honte n’est pas supportable, voire qu’il est honteux d’avoir honte. Et à ce moment il se sentira encore plus seul avec sa honte.
– Qui parmi nous n’a pas parfois la tendance de blâmer son entourage, pour se sentir « mieux » ? Parfois il y a effectivement des bonnes raisons pour s’opposer aux actes qui sont humiliants. Mais.. quid quand cela sert aussi pour dévaloriser l’autre et ainsi se sentir « mieux que… », « supérieur à », pour sortir de ce sentiment d’infériorité ? Les conséquences pour les relations humaines d’un tel mépris risquent d’être néfastes…
– Qui parmi nous n’a pas parfois tendance à se condamner, à être très dur avec lui-même, plutôt que d’accepter, avec compassion, ses failles, au moins celles du moment ? Une telle acceptation est peut-être moins « glorieuse », mais plus authentique et libératrice.
– Et finalement : Qui parmi nous n’a jamais rêvé d’avoir un lien privilégié avec quelqu’un que l’on idéalise ? Un lien qui redorerait notre blason. Mais en faisant ceci, non seulement nous nous infantilisons un peu, mais nous nous enfermons dans des attentes illusoires et n’acceptons plus l’autre tel qu’il est.
Alors, y a-t-il des alternatives plus bienfaisantes pour cette lutte contre la honte ?
Plus de dix ans d’études, d’écrits et de formations que j’ai animées à ce sujet me permettent de répondre avec un grand « oui ». A quelques conditions près :
– Qu’en thérapie, nous ayons construit une confiance réciproque suffisamment forte, où vous vous sentez libre de partager toutes vos impressions sur la thérapie, les positives et les négatives. Il y aura bien évidemment des malentendus, irritations et déceptions entre nous, et c’est essentiel de faire face à ceux-ci. C’est en partie de cette façon que l’on développe son courage d’être vulnérable, le courage de sortir de l’idéalisation d’autrui et le courage d’être soi, même si l’on n’est pas sûr d’avance d’être approuvé par l’autre.
– Que vous ayez appris quelques moyens efficaces d’accueillir et « digérer » des émotions profondes avec compassion.
Dans ce qui suit, vous pourrez trouver une courte description de tels moyens que j’ai acquis au cours des années ou développés moi-même.